Le passé archéologique de certaines communes n'est pas seulement sous ses pieds, il s'exhibe parfois à ciel ouvert. A Saint-Rambert-d’Albon, il n’est rien de tout cela. Et pourtant, il a existé, attesté par plusieurs documents... Et quelques photographies.

L’énigmatique ruine du Cappa

La principale voie romaine des Gaules était celle établie sur la rive gauche du Rhône, et allant de Lugdunum (Lyon) au rivage Massaliote (Marseille). On lui a attribué le nom de voie d’Agrippa, ce dernier étant considéré comme son véritable créateur. Comme toutes les grandes voies romaines, elle était pourvue de bornes milliaires qui avaient pour but de faire connaître l’éloignement qu’il y avait d’un lieu à un autre, et de régler la marche des troupes, qui s’arrêtaient et campaient après un nombre déterminé de milles. La plupart de ces colonnes itinéraires étaient des monolithes réalisées avec de la pierre locale qui avaient, ordinairement, deux mètres de hauteur. Comme leur nom l’indique, les distances étaient mesurées en mille romain (environ 1 482 mètres), l’équivalant de mille pas d’un soldat romain.

Entre Vienna (Vienne) et Valencia (Valence), d’après la célèbre carte de Peutinger, qui n’est autre que le plus ancien document cartographique qui nous soit connu, les principales stations étaient Figlinis [1] (Saint-Rambert-d’Albon) [2], Ursolis (Saint-Vallier) et Tegna (Tain) [3]. Les bornes milliaires découvertes jusqu’à ce jour sur la voie de Vienne à Valence sont au nombre de six [4], quelques-unes ont malheureusement disparu. Pour notre étude, nous retiendrons que celles qui encadrent Saint-Rambert-d’Albon : Chanas et Beausemblant.


Carte de Peutinger

Extrait de la carte de Peutinger publiée en 1869 par Ernest Desjardins

La colonne milliaire de Chanas se présente sous la forme d’un cylindre, mutilé par en haut, d’un mètre cinquante de hauteur et de cinquante-cinq centimètres de diamètre. Elle a été taillée en calcaire en l’an 145. Anciennement réutilisée dans le cimetière, situé à l’époque au tour de l’église, comme base d’une croix, puis sur la place publique, elle est actuellement au pied des escaliers montant à l’église. Un réemploie des plus hétéroclites puisqu’elle constitue la partie basse du fût de la fontaine principale du village, appelée communément la Fontaine du Pèlerin. Elle aurait été découverte pendant le règne de Louis XIII, en 1627, probablement lors d’une journée de corvée organisée pour la remise en état de la Grande Route Royale. Celà signifie qu’elle a été transférée de son emplacement d’origine puisque Chanas est situé à environ vingt-six kilomètres de Vienne (la capitale de la colonie étant le point zéro), alors qu’elle aurait dû se trouver, d’après la distance gravée (14 milles), à moins de vingt-un kilomètres.

Voici cette inscription avec les mots séparés, et les lettres restituées :

Imp. cæs. t. æ │ LIO HADRIA │ NO ANTONINO │ AVG PIO P P P M │ TRIB P VII CS IIII │ XIIII

L’inscription développée en latin, signifie, d’après un érudit [5] du dernier quart du XIXe siècle : [Imperatori Cæsari Tito Ae]lio Hadriano Antonino Augusto, pio, patri patriæ, pontifici maximo, tribunicia potestate septimum, consuli IV, [millia passuum] XIIII

Et, après traduction : A l’empereur César Titus Aelius Hadrianus Antonin, Auguste, pieux, père de la patrie, très grand pontife, dans sa 7° puissance tribunicienne, consul 4 fois, 14 milles pas

La pierre de Beausemblant, taillée dans un calcaire, a été trouvée en 1806 en creusant les fondations du pont de la rivière de Bancel, près du hameau du même nom. De forme cylindrique, elle mesure un mètre soixante-sept de hauteur et quarante centimètres de diamètre. L’inscription ne serait pas antérieure à 236. A l’origine, elle avait été transportée à Valence, dans le jardin de l’ancienne préfecture, mais après le bombardement américain du 15 août 1944, qui causa la destruction du bâtiment des services préfectoraux, elle trouva un autre lieu de conversation avant d’être portée au musée de Valence.

Voici cette inscription avec les mots séparés :

IMP CÆSAR │ G IVL VERVS │ MAXIMINVS P F │ AVG GERM SARM │ DAC MAX ET G │ IVL VERVS │ MAXIMVS │ NOBILISS │ CÆS │ MP │ IIIXX [6]

L’inscription développée en latin : Imperator Cæsar Gaius Julius Verus Maximinus, pius, felix, Augustus, Germanicus, Sarmaticus, Dacicus maximus, et Gaius Julius Maximus, nonobilissimus Cæsar, [millia passuum] XXIII

Et, sa traduction : A l’empereur César Caius Julius Verus Maximin, pieux, heureux Auguste, vainqueur des Germains, vainqueur des Sarmates, très grand vainqueur des Daces, et Caius Julius Verus Maxime, Très noble César, 23 mille pas

Entre la borne de Chanas et celle du pont de Bancel, nul besoin de prendre la calculatrice pour trouver 9 milles séparant ces deux points, soit 13 kilomètres et 340 mètres. En utilisant différents outils de calcul d’itinéraires routiers, accessibles par Internet, on obtient invariablement la distance de 11 kilomètres [7]. Celle-ci peut être considérée comme étant sensiblement la même que celle qui pouvait être avec la route, qu’elle se soit appelée, selon les époques, Grande Route de Lyon en Provence et Languedoc, Route Impériale 8, Route Royale 7, Route Impériale 7 ou, encore, Route Nationale 7. Mais quand était-il avant ? Avant même que les ponts sur la rivière du Dolon et des Claires ne soient construits, notamment à l’époque romaine. Le cheminement de la voie d’Agrippa, établie dans de nombreux secteurs sur des chemins indigènes plus anciens, au nord de Tain, et jusqu’à Lyon, avait dû s’installer au flanc gauche de la vallée ; elle courait de corniche en corniche, de lambeaux de terrasses à fragments de plaine pour atteindre Vienne [8], à ceci près que la voie devait éviter les zones de confluences, alors marécageuses. Ce n’est donc pas un tracé rectiligne qui séparait ces deux bornes milliaires mais bien un itinéraire plus sinueux que l’on peut le penser aujourd’hui puisqu’il devait suivre au plus près les courbes de niveau, allonger un peu le parcours si nécessaire pour franchir à gué ces deux rivières. De plus, il est vraisemblable qu’il existait au nord du quartier de la Tulandière, désigné Rhône et Tulandière [9] sur le premier cadastre de Saint-Rambert-d’Albon, un point de passage organisé sur le Rhône, certainement pas un pont, ni un bac, mais un gué [10] relié directement à la voie d’Agrippa. On peut se demander s’il cette dernière ne se dédoublait pas après avoir franchi la rivière des Claires, une branche (voie initiale) longeant le fleuve, la seconde (raccourci créé plus tard après le remblaiement de certaines dépressions de terrain, dont la plus importante était celle du Creux-de-la-Thine) traversant la plaine du nord au sud par l’actuelle centre ville. Il ne faut pas oublier que cette partie ne présentait pas la physionomie qu’on lui connaît aujourd’hui, à savoir une vaste zone boisée. D’ailleurs, ce paysage végétal était presque le même à la fin du XVIIe siècle, particulièrement en ce qui concerne le bois de la Folliouse et des Champagnières [11].


Dédoublement de la voie d’Agrippa

Dédoublement de la voie d’Agrippa


La toponymie conserve d’ailleurs encore le souvenir de ce lieu important de passage. En effet, depuis de nombreuses générations, cet endroit se nomme le Cappa, terme synonyme de gué, d’après un historien [12]. D’autres part, sur le compoix d’Albon de 1643, on relève au même endroit, un terroir appelé Gué dessus. La tradition locale rapporte également qu’au milieu du XIXe siècle, avant les travaux de régularisation du Rhône, la châtelaine de Peyraud traversait le fleuve à cheval, aux basses eaux, pour aller sur ses terres de la rive gauche [13]. Sur la rive droite, pratiquement en face, il existe un chemin traversant la plaine en biais qui, du village de Champagne vers le nord, aboutit au Rhône. Sur le cadastre de Champagne de 1832, cette voie est identifiée sous le nom de chemin du Moulin. Ce chemin, qui, en 1643, s’arrêtait au bord du fleuve, est déjà cité dans un texte du XIVe siècle, mais aucune archive connue ne fait mention d’un moulin à cet endroit-là. A-t-on affaire au moulin d’Ancône [14], situé au nord de Saint-Rambert-d’Albon, sur la rive gauche ? La présence d’un passage à gué du fleuve, aux périodes d’étiage, inciterait à le penser. L’histoire nous apprend également que le mot Tulandière viendrait de teloneum, ou telonium, bureau de percepteur d’impôts, qui a donné par ailleurs tonlieu, un impôt indirect d’origine romaine concernant le transit des marchandises (droit de péage). Et que trouvait-on dans ce lieu, au milieu des cultures, voici encore quelques années ? Une ruine imposante portant également le nom de Cappa [15]. Il n’est pas inintéressant de pouvoir situer avec précision son emplacement sur une carte. Pour cela, il faut encore qu’un cartographe ait pris la peine de nous en donner une représentation bien caractérisée, car les cadastres successifs de la commune ne se sont guère préoccuper de son sort. C’est dans les Archives communales (cote 6 O 2) que nous avons déniché un plan [16] montrant la ruine du Cappa. Une photo vaut souvent mieux qu’un long discours.

La ruine  du Cappa était un gros massif de maçonnerie de dix mètres par vingt de côté, et d’une hauteur de trois mètres. Tout ce qui restait de ce vestige, dont la superficie était de deux cent mètres carrés, a malheureusement disparu sous les pelles des bulldozers et le béton lors de la construction d’entrepôts logistiques d’une importante société de transports routiers. C’était la partie visible de l’iceberg. La partie immergée nous est connue que dans les grandes lignes, grâce à deux récits que nous reproduisons ci-dessous. Vu d’avion, à basse altitude et dans des conditions spécifiques, on pouvait en effet repérer certaines anomalies que l’on ne distinguait pas sur le terrain, et qui font apparaître des vestiges encore enfouis dans le sol, plus exactement un grand ensemble rectangulaire couvrant plus de 16 000 mètres carrés dont le plus long coté n’a guère moins de deux cent mètres, c’est-à-dire plus grand que la traversée du bourg de Saint-Rambert en 1789 [17].



Pour l’exemple, un villæ d’époque gallo-romaine découverte par prospection aérienne


Est-ce la mutatio (relais routier) de Figlinis que mentionne la Table de Peutinger ? Bien qu’aucune fouille archéologique n’a été réellement entreprise ici, les historiens s’accordent à dire, d’une manière générale, que ces vestiges sont bien ceux de Figlinis. Ils semblent toutefois qu’ils aient plus travaillé sur le papier que sur le terrain pour étayer leurs affirmations. Aujourd’hui, en l’absence de toutes traces sur le terrain, nous sommes donc contraints de faire de même. Une certitude, tout de même, confirmée par quelques sondages réalisés en 1973, la ruine du Cappa est qualifiée de romaine [18].

Quand est-il vraiment ? Un épigraphiste éminent, qui a étudié la table de Peutinger d’après l’original conservé à la bibliothèque de Vienne (Autriche) donne Figlinis à 17 milles de Vienne [19]. Fort de cette information précise, nous avons cherché, à partir du pont de Bancel, en utilisant la version 3D de Géoportail, le site Internet de l’IGN, qui permet de mesurer au centimètre près une distance d’un point à un autre, de retrouver ce lieu. L’intervalle doit être d’environ 8,9 kilomètres (17 – 14 x 1482 = 8892 mètres).



Extrait de l’ouvrage d’Ernest Desjardins (Géographie de la Gaule d’après la table de Peutinger)


La seule manière de prétendre parcourir cette espacement n’est pas d’aller au plus court, en tirant une ligne droite, mais bien de suivre le tracé hypothétique des vieux chemins préhistoriques qui a servi d’assiette à la voie d’Agrippa dans une grande partie de son parcours, si ce n’est pas dans son intégralité pour ce qui nous concerne. Le résultat est sans appel. Les ruines du Cappa ne sont pas Figlinis puisque nous obtenons exactement 6 kilomètres [20] entre ce lieu et le pont de Bancel. Il manque donc 2,9 kilomètres, soit près de deux milles. Ayant derrière la tête l’idée de trouver un autre emplacement, toujours en suivant une direction au tracé hypothétique, mais vérifiable sur d’ancien document, comme, par exemple, le premier cadastre de Saint-Rambert-d’Albon, notre métrage nous amène à la gare. Enfin, presque, puisque nous obtenons 8 510 mètres au lieu de 8 892, soit seulement 4,3 % d’erreur [21]. Curieuse coïncidence quand même car, au siècle dernier, à l’emplacement de la gare, on pouvait voir les vestiges d’un vieux château féodal dont quelques tours subsistaient encore [22].



Extrait du cadastre de 1826

Et voici ce que dit un géographe et cartographe français du XVIIIe siècle, à propos de Figlinæ : Au-reste, la position qui me paroît plus convenable sur cette route entre Vienne & Tein, est celle du castrum [23] santi Ramberti, selon les titres du Daufiné, près de l’entrée de la petite rivière d’Ore dans le Rhône [24]. Il n’est pas inintéressant de signaler ici la définition du mot mutation donnée par un bénédictin de Saint-Martin de Ligugé : Les mutations, ou relais, étaient des stations établies pour le service des courriers de l’Etat et des personnages officiels. Il y en avait de plusieurs sortes selon leur importance, et le nombre des chevaux qu’on y devait entretenir était ordinairement de vingt. Presque toujours ces stations étaient situées dans le voisinage d’une rivière [25]. Si court soit-il, ce texte n’est pas sans intérêt puisq’il permet, si l’on peut dire les choses ainsi, de renforcer l’idée de l’existence d’une station romaine à cet emplacement. Encore faut-il savoir si c’est bien le cas. C’est dans un texte rédigé en 1860 que Jean-Louis Moreau de Bonrepos, maire de Saint-Rambert-d’Albon, en réponse à l’enquête statistique de l’imprimeur Marc Aurel, nous en donne une confirmation certaine (voir ci-dessous la transcription intégrale). D’autant plus qu’il a très bien connu ces vestiges puisque, mort en 1864, à l’âge de 80 ans, il a passé une bonne partie de sa vie dans cette commune. Ce document manuscrit est intéressant à double titre. Premièrement, il indique qu’il existait un monticule sur le terroir des Basanières dominant les terrains plats et humides de la rivière des Claires. Deuxièmement, il indique que cette élévation de terrain a servi de support à une ou plusieurs constructions au fil du temps, allant de l’époque romaine au Moyen Age, si ce n’est pas au-delà.

Ce monticule est-il naturel ou artificiel ? Pour notre part, nous penchons pour la première hypothèse. D’ailleurs, il suffit de lire le paysage Rambertois pour s’en rendre compte. Les géologues ne parlent-ils pas de la « terrasse de la gare de Saint-Rambert » pour désigner un niveau d’alluvions anciennes du fleuve, d’altitude relative constante entre 28 et 29 mètres [26] ? Mais la réalité est peut-être quelque peu différente. Ce monticule ne serait-il pas plutôt devenu semi-artificiel par la main de l’homme ? En effet, celui-ci, dont la base était un quarré d’environ cent mètres de côté, ne s’est fait par le Saint-Esprit mais plutôt à l’exemple des mottes castrales. Le principe de construction a dû être simple. Un simple rehaussement provenant d’alluvions rapportées après avoir creusé autour, et plus particulièrement au sud puisque, côté nord, la rivière des Claires coulait ses eaux. Il est toutefois difficile d’être affirmatif à ce sujet, n’ayant aucun élément de certitude en main. Le seul élément en notre faveur se trouve dans l’un des atlas de Trudaine qui sont conservés à la section des cartes, plans et photographies des Archives nationales. L’intérêt de celui-ci, c’est qu’il donne une valeur informative sur les paysages proches de la route royale à la fin du XVIIIe siècle, entre Le Péage-de-Roussillon et Saint-Rambert-d’Albon. Et que voit-on de particulier ? Justement cette fameuse terrasse d’alluvions et le monticule.



Extrait de l’Atlas de Trudaine (1745-1780)

Est-ce ici que se trouvaient enfouis les restes de Figlinis ? On ne peut être affirmatif. Néanmoins, si l’antique Figlinis correspond réellement à Saint-Rambert-d’Albon, c’est bien ici qu’il faut le situer mais certainement pas à la ruine du Cappa. Une seule certitude semble se dégager. Sur ce monticule, les romains y fondèrent un poste militaire (castrum) et latinisèrent le nom du site en un nom qui est resté dans l’ombre de l’histoire. Il était sur la voie d’Agrippa qui a servi d’assiette à la Route Nationale 7 dans une grande partie de son parcours.

Aujourd’hui, la ruine du Cappa et les ruines des Basanières ne sont plus qu’un souvenir d’archives. Cette étude a néanmoins permis de distinguer clairement deux sites d’occupation romaine dans un secteur où des gisements archéologiques ont été dûment authentifié (par exemple, le sanctuaire gallo-romain du Châtelet et le cénotaphe de la Sarrasinière sur la commune d’Andance), auxquels s’ajoute un château du Moyen Age. Si les ruines des Basanières ont quelque peu levé le voile de leurs mystères cachés, celle du Cappa [27] reste encore, et sans doute pour toujours, une énigme. Il est vrai, qu’au-delà de ces témoignages, cette histoire ne présente qu’incertitudes, au travers desquelles l’imagination du chroniqueur peut se donner libre carrière.

Pièce d'archive n° 1

Information archéologique [28] : Saint-Rambert-d’Albon. – A 2,500 km au s., en bordure du Rhône, des sondages ont été effectués par M. R. Lurol sur un site menacé par la construction d’une usine ; ce site, dénommé Le Cappa, semble correspondre à la localité de Figlinæ, que mentionne la Table de Peutinger. C’est un gros massif de maçonnerie de 10 x 20 m et haut de 3 m, et un sol en mortier rose à tuileau [29], qui attirèrent l’attention. La photographie aérienne [30] révéla ensuite la présence d’un grand ensemble de constructions couvrant une superficie de 180 sur 90 m. Les sondages ont mis au jour plusieurs pièces, un bassin [31] de 2,40 x 2,30 m. Le sol de cette pièce est fait de briques, sur lesquelles reposait une abondante céramique : sigillée, commune noire, gris et blanchâtre, débris d’amphores. On a recueilli en outre des fragments d’enduits peints, un antéfixe [32], des objets en fer et des débris de verre.

Pièce d'archive n° 2

Ruines romaines [33] : A 2 km environ au Sud de St-Rambert d’Albon, tout près du Rhône, se situe le quartier de la Tulandière, propriété de M. Eugène Bret. Au milieu des cultures, elles mêmes parsemées de débris de tuiles et de restes de maçonnerie, existe une ruine imposante le Cappa, que les agriculteurs depuis de nombreuses générations n’ont jamais cessé de réduire au minimum, au cours de leurs travaux agricole (fig. 1). Il s’agit d’un gros massif de maçonnerie d’environ 10 m sur 20 m et de 3 m de hauteur, dont il ne reste plus que le blocage interne et la trace d’un sol situé au 1er étage en opus signinum (fig. 2) ; sur ce béton à tuileau reposaient des petits carreaux de terre cuite de 65 mm / 48 mm / 18 mm posés sur champ et disposés en épis ; il y a peu d’années tout était intact, aujourd’hui il ne reste plus que la cicatrice sur le béton (fig. 3). Il y a 50 ans cette ruine comportait encore deux étages parfaitement visibles. Il est difficile de retrouver la fonction primitive de ces restes, les paysans l’appellent le « poste de guet [34] romain sur le Rhône » mais en fait il s’agit du seul témoin d’un très grand ensemble de constructions, aujourd’hui disparues... Le lieu a joué au moyen-âge un rôle assez important, dépendance des Templiers, puis par la suite servit d’Hospitalité aux Chevaliers de St-Jean de Jérusalem dépendant de la Commanderie de Lachal, puis d’Epinouze. Sur l’autre rive du Rhône se trouve l’agglomération de Champagne qui a été pendant tout le moyen âge une tête de pont sur le fleuve appartenant au Dauphin du Viennois, a parte regni Francie ultra Rodanum, 3 juin 1296. Une charte de Cluny du 30 août 972 concerne également la localité de Champagne. Au dessus de Champagne, toujours sur la rive droite, se trouve l’oppidum du Chatelet et son temple romain fouillé par L. B. Morel en 1880-1885. Tout cet ensemble, à cheval sur les deux rives du fleuve, pourrait bien laisser supposer un antique passage du Rhône ; de plus il est curieux de constater que le Figlinæ de la Table de Peutinger, à XVII milles de Vienne, correspond exactement, au point de vue distances aux ruines du Cappa de St-Rambert d’Albon. Des fouilles futures pourraient nous renseigner sur ce pont.



Fig. 1 - Ruine du Cappa située au nord du quartier de la Tulandière



Fig. 2 - L’unique reste du dallage du premier étage


Fig. 3 - Cicatrice dans le béton du dallage en épis

Pièce d'archive n° 3

Les vestiges du château féodal [35] : A un demi kilomètre environ du centre du village et au nord ; on remarquait avant l’établissement de la voie ferrées, un monticule dans la prairie qui s’étendait au couchant de la grande route. Ce monticule d’environ cent mètres en quarré de développement a sa base ; renfermait dans son centre, un massif de maçonnerie formant une voute de huit a neuf mètres de coté a l’intérieur. A chacun de ses angles, des arceaux semblables a des voutes formaient les entrées de la voute, qui représentait assez la figure d’un vaste four. Au couchant, le mur donnait passage a une voute de plus d’un mètre de largeur et assez pour qu’un homme put s’y tenir debout ; cette voute se prolongeait jusqu’au pied du talus du monticule. Sur le mur en face, du côté du levant, on voyait aussi l’ouverture d’une voute ; mais celle-là, était moins large que l’autre et la partie supérieure en était détruite. Le cintre de la grande voute laissait au vide qui s’était agrandi avec le tems, aidé de la main destructive des hommes. Cette maçonnerie formée de petits cubes de granits ; reliés par un dur ciment, était évidemment d’origine romaine. En fouillant dans le centre du sol de cette voute, on a trouvé une sorte de puits qu’avaient comblé les débris de la construction. Ce puits qui pourtant n’était pas destiné à donner de l’eau, puisqu’il se terminait à sa base par un solide béton à plus de 6 mètres au dessus du niveau de l’eau de nos sources, était d’environ 4 mètres de diamètre et avait ses parois revêtus d’une solide maçonnerie. Aux quatre angles qui terminaient le monticule, étaient construits de petits bastions, dont les restes des murs ne s’élevaient pas à plus de deux à trois mètres du sol. Du reste cette construction qui se composait de cailloux liés par un mauvais mortier, ne ressemblait nullement a celle de la grande voute, et semblait appartenir au Moyen âge, ou a une époque plus rapprochée. Dans le pays, le monticule portait le nom de Bazanière – était-ce, une corruption de Balnearia. Il est à remarquer, qu’en fouillant la terre à plusieurs centaines de mètres, au levant des Bazanière et dans la direction des eaux de la prairie, on a découvert une conduite d’eau [36] de trente à quarante centimètres de diamètre, qui paraissaient aussi d’origine romaine. Dans la prairie située vis-à-vis le monument et sur les bords du ruisseau des Claires, on a trouvé des restes de construction, des médailles, une tête en pierre de jeune fille romaine ; un peu au dessous de la grandeur naturelle – La construction de la voie ferrée de Marseille, a fait disparaitre en entier le monticule.

Iconographie d'archives



Prises d’eau sur la rivière des Claires (cadastre de 1826)



Prise d’eau de la branche nord (à droite, l’actuelle rue du Terraly)



Moulin d’Ancône



[1] Le nom commun figlina, au sens d’atelier de potier, dérivé du latin figulus, potier, est devenu sous cette forme Figlina, ou sous la forme plurielle Figlinæ, un nom propre de lieu dès l’époque romaine. Figlinis (aux ateliers de poterie) est le locatif pluriel de Figlina. Qui dit poterie dit terre. Mais quelle terre les romains utilisaient-ils à Figlinis ? L'état actuel de nos connaissances en la matière ne nous permet pas de répondre à cette question. Nous savons seulement qu’un amas de terre glaise et des briques plus ou moins cuites ou calcinés ont été trouvé à Andancette, à moins de cent mètres d’un four à potier.

[2] Ne soyons pas trop chauvin. Andancette, notre proche voisine, semble avoir également la faveur de plusieurs historiens. Citons deux ouvrages pour l’exemple : Nicolas BERGER, Histoire des grands chemins de l’empire romain, 1728, p. 502 ; Edme MENTELLE, Encyclopédie méthodique, 1792, t. 3, p. 542. Mais il suffit de lire les Notes archéologiques sur Andancette de Louis Barthélemy Morel (dans Bulletin de la Société d’Archéologie et de Statistique de la Drôme, 1928, t. 61, p. 399-405) pour s’autoriser à dire que Figlinis n’était pas le nom d’Andancette dans l’antiquité.

[3] La voie d’Agrippa, sur l’arrondissement de Valence, avait deux particularités relatives. La première partie, allant de Saint-Rambert-d’Albon à la rivière de l’Isère, appartenait au territoire de la colonie de Vienne, tandis que la deuxième partie, au sud, était sur celle de la colonie de Valence. Ce point est important à signaler car les lieux et les mesures indiqués sur les bornes milliaires étaient en général propre à un territoire (province ou colonie), d’où l’indication ad fines lorsque la frontière arrivait, semblant ignorer ce qui se trouvait de l’autre côté de celle-ci.

[4] Péage-de-Roussillon, Chanas, Beausemblant, Saint-Vallier, Erôme et Mercurol.

[5] VALENTIN DU CHEYLARD (Florian), La voie d’Agrippa de Lugdunum au rivage Massaliote, 1880, p. 14.

[6] En réalité, il faut en réalité lire XXIII. Cette inversion également sur les médailles de Gallien et de Carausius.

[7] Chanas (fontaine), Rue Revelon, Rue du Dauphiné, Route de Grenoble, Route de Marseiile, Saint-Rambert-d’Albon (en passant par le centre), Route Nationale  7, Bancel (pont).

[8] FAUCHER (Daniel), L’Homme et le Rhône, 1968, p. 100.

[9] La notion de terroir a malheureusement perdu tous ses droits. Le nom de celui-ci, par chance pour cette étude, s’est substitué à une ancienne appellation locale pour prendre son sens actuel. Il en est malheureusement tout autrement pour une grande majorité des terroirs de la commune. Depuis 1952, date du dernier cadastre, encore consultable à l’accueil de l’Hôtel de ville, nous avons l’impression que des glissements de terrain et autres aléas, surtout, ont bouleversé la géographie Rambertoise, telle que nous l’ont transmis les générations précédentes. En effet, pour n’en citer que quelques-uns, le quartier de Fixemagne (écrit jadis Fixe-magne) est passé au sud de la route des Vergers alors que le cadastre de 1826, le positionne au nord, là où se trouvait un domaine du même nom… Dont les bâtiments sont encore visibles de nos jours. Ce quartier, lieu symbolique car ce fût là qu’un certain Jules Védrines eut l’infortune de s’écraser avec son mécanicien, le 21 avril 1919, s’appelait, toujours selon le même cadastre, les Gabettes. Ce nom existe toujours, mais il a glissé vers l’est pour remplacer un quartier qui s’appelait la Plaine de Coinaud, à l’ouest du hameau du même nom. Evidemment, ce quartier n’existe plus en tant que tel. Comme on peut l’imaginer, il est de nos jours difficile de parler d’un quelconque lieu sans prendre le risque d’en citer un autre. Les Rambertois qui ont gardé la connaissance de leur géographie communale sont maintenant rares. Quand sera-t-il dans quelques années ?

[10] Si l’on se fie aux courbes de niveaux actuelles du Rhône, alors que son débit était autrefois certainement plus faible, il devait être relativement facile de traverser à gué ou en utilisant un radeau soutenu par des outres gonflées d’air qui, ainsi, pouvait transporter de plus lourdes charges. Au fil du temps, ce point de communication a été déplacé vers le sud (lieu qu’on appelle Port de Champagne) qui, très tôt, fut doté d’un bac à traille. Le pilier de la rive droite, en forme de pain de sucre, construit en pierre, reste aujourd’hui le seul témoin de son histoire. Ce n’est donc pas un hasard si, par un arrêté du préfet de région du 7 octobre 2006, cette pile est inscrite en totalité aux monuments historiques au regard de l’histoire locale, de l’histoire des techniques et de l’intérêt ethnologique.

[11] VALLERNAUD (Prosper), Procédure du papier-terrier pour les reconnaissances du Comté d’Albon en 1680, dans Bulletin de la Société d’Archéologie et de Statistique de la Drôme, 1910, p. 252. La forêt des Champagnières a appartenu aux La Coste de Montélimar, une maison connue depuis l'an 1400, qui a formé plusieurs branches dont celle de la Coste-Maucune établie dans cette ville vers la fin du règne de Louis XIV.

[12] MASSOT (Georges), En Ardèche, passer l’eau sans les ponts dans Mémoire d’Ardèche et Temps Présent, 1998, n° 58.

[13] Le compoix de Champagne du XVIIe siècle, dans la Revue du Vivarais, 2002, t. 151, fasc. 749, p. 26.

[14] Le moulin d’Anconne dans les vieux textes, également appelé moulin Dorel, nom de son propriétaire lors de la confection du cadastre de 1826, fait encore partie du paysage Rambertois, à côté de la rivière des Claires.

[15] On ne peut ignorer que le mot capella, chapelle, qui n’apparaît qu’au VIIIe siècle et ne désigne pas alors un édifice mais une institution, est le diminutif du latin vulgaire cappa. Désignant à l’origine un bâtiment édifié pour honorer une relique du manteau de saint Martin, les chapelles sont devenues des lieux de culte secondaires qui ont formé beaucoup plus de toponymes que les églises. Et que remarquons-nous de l’autre côté du Rhône, au pied de la Côte de Charbieux, une cavité, creusé en demi-rond dans le rocher, qu’on appelle la Bonne-Font ou la fontaine de saint Martin. A côté, on aperçoit dans le roc deux empreintes dont la forme retrace grossièrement le sabot d’un cheval. Les gens du pays et les pèlerins qui viennent, surtout au mois de mai, visiter la Bonne-font, vous diront que saint Martin a passé là, et que son cheval y a imprimé la trace de ses pieds (Jean-Pierre CAILLET, Ruines et légendes, 1867, p. 77). Cela ne peut être l’effet d’un hasard lorsqu’on sait que la présence de saint Martin serait attestée à Vienne, en 389, lors d’un voyage qui dut le mener en Auvergne. Précisons également que le mot chape, qui vient de cappa, peut désigner aussi un terme d’architecture (couche de ciment). Gué, chapelle, maçonnerie, autant de possibilités d’appellation qui nous font perdre notre latin.

[16] En 1965, la société des dalles et produits amiantés, plus connue sous le nom de Dalami, désire développer son activité de revêtement de sol mais doit faire face à des mouvements de marchandise de plus en plus importants. C’est le cas de son approvisionnement en matières premières, particulièrement ceux de l’amiante qui arrivent par péniche depuis Anvers mais ne peut peuvent aller plus loin que Lyon où ils sont transbordés sur voies ferrées. Si une installation portuaire avait existé à Saint-Rambert-d’Albon, cette société aurait pu faire parvenir par péniche près de 1 500 tonnes par mois d’amiante, au lieu de 750 tonnes. Pour remédier à cela, elle envisageait de construire un poste de déchargement sur la rive gauche du Rhône, à la balise kilométrique 65,350. Cette construction n’a jamais été réalisée, vraisemblablement à cause la future construction par la Compagnie Nationale du Rhône de l’aménagement du Péage-de-Roussillon. Quoi qu’il en soit, il nous reste le plan de situation de l’avant projet (daté du 23 juin 1965) de cette installation portuaire où apparait clairement la ruine du Cappa.

[17] A cette époque, Saint-Rambert était un hameau qui mesurait, nous apprennent les Archives départementales de la Drôme (cote C 246), quatre-vingt toises (un toise = 1,949 mètres) de longueur, soit environ 172 mètres de nos mètres actuels, où vivaient près de deux cent personnes.

[18] Un aspect de la civilisation romaine a été la centuriation, qui a consisté en un découpage régulier du territoire. A noter que celui-ci est resté effectif lors de la délimitation des paroisses lors de l’expansion chrétienne, et est encore visible sur la découpe cadastrale. Ainsi, la ruine du Cappa était sur la paroisse d’Albon alors que tous les terroirs, au sud, appartenaient à la paroisse de Champagne et ceux, jusqu’en 1790. L’une des frontières entre ces deux paroisses était donc à deux pas de la ruine du Cappa. Un élément important à connaître puisqu’il aurait existé, comme on le verra plus loin, un lieu de perception de péages.

[19] DESJARDINS (Ernest), Géographie de la Gaule d’après la table de Peutinger, 1869, p. 324.

[20] Notre tracé part du pont de Bancel et suit la sinuosité de cette rivière jusqu’à l’église d’Andancette. De là, il sort du village, plein nord, pour aller suivre la courbe de niveau (l’actuelle D 431) de 135 mètres d’une terrasse alluviale du Rhône jusqu’à Bellevue. Puis il remonte en biais jusqu’à la côte 138 avant d’atteindre, 250 mètres après l’ancienne ferme de Bonrepos (côte 141), la zone où se trouvait autrefois la ruine du Cappa.

[21] Pour rallonger notre tracé, et réduire ce pourcentage, nous aurions pu emprunter les bords du Rhône, à la sortie d’Andancette, en passant par les Marettes (ancien domaine où, sans doute, se trouvait le prieuré de l'Ile Marette), avant de rejoindre la D 431, en aval de la ferme Saint-Joseph (ancien domaine appartenant aux Jésuites de Tournon). Un soi-disant four à potier et des amphores ont d'ailleurs été trouvé à la fin du siècle dernier, près de la berge du chemin de halage. Mais cela n'aurait pas changé la teneur du propos qui suit.

[22] JOANNE (Adolphe), De Lyon à la Méditerranée, 1862, p. 41.

[23] Selon le Larousse, c’est un mot latin signifiant lieu fortifié, souvent employé pour désigner les emplacements des villes fortifiées ou des camps romains.

[24] D’ANVILLE (Jean-Baptiste Bourguignon), Notice de l’ancienne Gaule, 1760, p. 300.

[25] RABORY (Joseph), Le Bordeaux à Jérusalem par les voies romaines, 1890, p. 12.

[26] CHAPOTAT (Gabriel), La vallée du Rhône de Vienne à Tain – Note de morphologie dans Les Etudes rhodaniennes, 1935, p. 410.

[27] Etait-ce une villæ (villa) gallo-romaine ? Si c’est le cas, son choix d'implantation n'était pas dû au hasard. Elle était en effet installée sur la cote des 140 mètres sur un terrain fertile d'une terrasse alluviale, orientée au nord-sud pour bénéficier d'une excellente exposition. De plus, son plan, tout en longueur, était adapté à la topographie. Malgré quelques fouilles, ce vaste établissement est tombé dans l'oubli des chercheurs, des spécialistes du monde gallo-romain, des enseignants, voire même des habitants de Saint-Rambert-d’Albon. Quelle part, c’est rageant de ne pas connaître mieux le contexte historique, chronologique, géographique, archéologique local de ce vaste ensemble, d’autant plus qu’aucun plan terrier n’a été réalisé, même partiellement.

[28] Gallia, 1973, t. 31, fasc. 2, p. 537.

[29] Le mortier de tuileau est un mélange de chaux et de fragments de terres cuites de construction (briques ou tuiles). Une variété citée par architecte romain Vitruve comprend une partie de chaux, une partie de tuileau pilée et tamisée et deux parties de sable. Le tuileau, qui est une argile cuite, agit pendant la prise du mortier.

[30] C’est la pièce manquante de cette étude. L’auteur ne désespère pas de la trouver un jour.

[31] Bassin d’ornement ou bassin de stockage ? L’autre question qui se pose est la provenance de l’eau qui a servit à remplir ce bassin. Puits, prise d'eau ou source ?

[32] Elément décoré placé en bordure ou au faîte en bordure d’un toit de manière à masquer l’extrémité de la tuile couvre-joint.

[33] OLLIER (Jeanne), Cahiers Rhodaniens, 1958, p. 80-82.

[34] Au fil du temps, le mot a dérivé lentement de sa signification première mais il a toutefois conservé une graphie similaire... A moins que son auteur a simplement, si c’est à l’occasion d’une conversation orale, confondu le mot gué avec le mot guet.

[35] Archives départementales de la Drôme – Cote 2 MI 516/R8.

[36] Cet élément de canalisation (fistula en latin, nom d’un conduit fermé) servait-il à amener l’eau d’un lieu à un autre ou à drainer le sol ? Une question que l'on ne peut manquer de se poser dès lors qu’une rivière coule en ce lieu. Dommage que Jean-Louis Moreau de Bonrepos ne précise pas de quelle matière était constituée cette conduite d’eau car l’emploi des terres cuites semble avoir été adopté plutôt pour les eaux d’irrigation que pour les eaux potables. Le cadastre de 1826 nous donne peut-être une piste sur l'interprétation que nous devons en faire. En effet, de part et d’autre de la rivière, on peut remarquer une prise d’eau de surface pour l'irrigation. Le transport de l’eau semble s’effectuer à ciel ouvert sur l’ensemble des deux réseaux car le terrain le permet. Pour la petite histoire, une partie de la branche sud fait toujours partie du paysage Rambertois. Elle n’est autre que le sentier prolongeant l’Impasse de l’avenue de Lyon qui se termine près de l’Impasse des Claires. Un autre lambeau existe encore, mais très peu visible. Il se trouve dans le prolongement de la route d’accès des cours de tennis (également l’ancien tracé de cette branche), côté ouest, après avoir traversé la rue du Terraly.